La célébration de la Journée internationale du Sida en Afrique ce 1er decembre 2024 met en lumière les avancées réalisées dans la lutte contre le VIH/Sida, tout en soulevant des préoccupations quant à la négligence des hépatites virales, qui continuent d'affecter des millions de personnes sur le continent. Alors que les efforts se concentrent sur la sensibilisation au VIH, il est crucial de ne pas reléguer au second plan les défis posés par les hépatites B (VHB) et C (VHC).
La Journée internationale du Sida, célébrée chaque année le 1er décembre, est l'occasion pour les pays africains de faire le point sur leurs stratégies de lutte contre le VIH/Sida. En 2024, cette journée célébrée autour du slogan ‘Suivons le chemin des droits – Notre santé, nos droits'', revêt une importance particulière alors que l'Afrique continue de faire face à des taux élevés d'infection par le VIH, malgré les progrès significatifs enregistrés ces dernières décennies. A cette occasion l’OMS appelle les dirigeants et les citoyens du monde entier à défendre le droit à la santé en s’attaquant aux inégalités qui entravent les progrès vers l’élimination du sida.
Les avancées dans la Lutte contre le VIH/Sida en Afrique
L'Afrique a réalisé des progrès notables dans la lutte contre le VIH/Sida au cours des dernières décennies. Des campagnes de sensibilisation, l'accès accru aux traitements antirétroviraux et la mise en œuvre de programmes de prévention ont contribué à réduire le nombre de nouvelles infections et à améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. Selon les données récentes, plusieurs pays africains ont atteint ou dépassé les objectifs fixés par l'ONUSIDA en matière de traitement et de prévention. L’ONUSIDA rappelle toutefois que les lacunes dans la garantie du respect des droits pour tous empêchent le monde de s’engager sur la voie de l’éradication du sida et nuisent à la santé publique. Pour y arriver, l’organisation estime que toutes les personnes qui vivent avec le VIH ou qui sont exposées au risque d’acquisition de l’infection, dont celles qui sont les plus exclues et marginalisées, doivent être rejointes et impliquées.
Alors que toute l'attention de la communauté internationale se focalise sur le Sida, les hépatites virales semblent être mises à l'écart, malgré leur impact significatif sur la santé publique. Les hépatites B et C sont responsables de millions de décès chaque année et représentent un défi majeur pour les systèmes de santé africains.
Situation épidémiologique du VIH et des hépatites virales
Le VIH/sida reste un enjeu crucial de santé publique au sein de la Région africaine, qui compte près de 26 millions de personnes vivant avec le virus et enregistre 70 % des décès mondiaux liés au sida. Bien que l'on observe une réduction du nombre de nouvelles infections par le VIH, la prévalence demeure alarmante, atteignant 4,8 % en 2014. Ce taux est particulièrement accentué en Afrique de l'Est et australe, où il fluctue de 5,3 % au Kenya à un impressionnant 27,7 % au Swaziland.
Parallèlement, la situation des hépatites virales B et C révèle également des enjeux préoccupants. En 2020, l'Afrique a représenté 26 % de la charge mondiale de morbidité due aux hépatites et environ 70 % des cas d'hépatite B se situent sur le continent africain, avec des prévalences souvent supérieures à 8 % dans plusieurs pays. Bien que la prévalence de l'hépatite C soit généralement inférieure à 1 % dans de nombreux États africains, certains pays membres de la CEDEAO rapportent des taux supérieurs à ce seuil.
L'infection à l'hépatite B : L’Afrique de l'Ouest et du Centre dans le rouge
Environ 82 millions d'Africains vivent avec le virus de l'hépatite B, représentant une part significative des 91 millions de personnes infectées par les hépatites virales sur le continent. La prévalence du VHB dépasse souvent 8 % dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne, atteignant même des niveaux critiques dans des régions comme l'Afrique de l'Ouest et centrale, où certains pays affichent des taux supérieurs à 10 %.
Disparités dans la lutte contre le VIH et les hépatites virales en Afrique
L’analyse comparative des données révèle une inégalité marquée dans l’attention accordée aux infections par le VIH et aux hépatites virales, mettant en lumière une disparité préoccupante dans les efforts de lutte contre ces maladies. Le manque de focus sur les hépatites se traduit par un financement insuffisant, une sensibilisation limitée, une intégration déficiente des services liés aux hépatites au sein des programmes de santé existants, ainsi qu’une sous-estimation de l’étendue des contaminations.
Des experts soulignent que les hépatites virales B et C restent largement sous-diagnostiquées et sous-traitées, en grande partie en raison d’une méconnaissance généralisée des populations sur ces maladies et leurs conséquences. Moins de 10 % des personnes infectées sont conscientes de leur statut, ce qui entraîne des retards dans le diagnostic et le traitement.
Par ailleurs, l’accès aux traitements antiviraux demeure restreint, aggravant la situation pour ceux qui vivent avec ces infections. Les conditions socio-économiques précaires compliquent encore l'accès aux soins, et les populations vulnérables, notamment celles résidant en zone rurale ou dans des environnements urbains défavorisés, sont particulièrement affectées par l’hépatite B, qui demeure une épidémie silencieuse.
Les Répercussions d'une Attention Disproportionnée
La concentration sur le VIH/Sida au détriment des hépatites virales peut avoir des conséquences graves. Les infections chroniques par le VHB et le VHC peuvent entraîner des complications sévères telles que la cirrhose et le cancer du foie. Avec l'augmentation des co-infections VIH/VHB et VIH/VHC en Afrique, il est impératif que les politiques de santé publique adoptent une approche intégrée qui traite simultanément ces infections. Les stratégies visant à éliminer les hépatites virales d'ici 2030, comme l'a recommandé l'Organisation mondiale de la santé (OMS), nécessitent un engagement politique fort et une mobilisation des ressources.
Un appel à l'action
Il est impératif que les gouvernements africains et les organisations internationales intensifient leurs efforts pour lutter contre l'hépatite B. Cela inclut l'amélioration de la couverture vaccinale, le renforcement des programmes de dépistage et de traitement, ainsi qu'une sensibilisation accrue du public sur cette maladie. La lutte contre l'hépatite B (la plus répandue) doit devenir une priorité sur le continent pour éviter que cette épidémie ignorée ne continue à causer des souffrances inutiles et des pertes humaines tragiques. La situation actuelle est un appel à l'action pour les décideurs politiques et les acteurs de la santé publique : il est temps d'agir pour éliminer l'hépatite B en Afrique avant qu'il ne soit trop tard
Alors que l'Afrique célèbre la Journée internationale du Sida en 2024, il est essentiel d'élargir cette célébration pour inclure une discussion sur les hépatites virales. La lutte contre le VIH/Sida ne doit pas se faire au détriment d'autres maladies infectieuses tout aussi dévastatrices. Ignorer les hépatites pourrait compromettre les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH/Sida et nuire à la santé globale des populations africaines.
La Rédaction
SANTE/SIDA - Le VIH au premier plan: Que devient la lutte contre les hépatites virales en Afrique