La schizophrénie, touchant près de 1 % de la population mondiale, est une maladie complexe dont les symptômes varient considérablement. Parmi les plus débilitants, l'apathie et le manque de motivation affectent gravement la qualité de vie des patients. Une récente étude menée par une équipe de l’Université de Genève (UNIGE) et des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), en collaboration avec la Charité Berlin, a mis en lumière les mécanismes neuronaux sous-jacents à ces symptômes.
Publiée dans la revue Brain, cette recherche ouvre la voie à de nouvelles approches thérapeutiques. Les chercheurs se sont concentrés sur le système neuronal de récompense, un élément clé de la motivation. À travers une expérience impliquant 152 participants, dont 86 souffrant de schizophrénie, l'étude a utilisé l'imagerie par résonance magnétique (IRM) pour observer les réponses cérébrales à des stimuli de récompense. Les résultats ont révélé une difficulté chez les patients schizophrènes à discriminer de manière suffisamment subtile différents niveaux de récompense, ce qui perturbe leur motivation à accomplir des tâches quotidiennes.
L'expérience consistait en un jeu basé sur des gains monétaires, conçu pour stimuler les circuits neuronaux associés à la récompense. Les observations ont montré que, lors d'une première session, les patients schizophrènes présentaient une activation cérébrale inférieure à celle du groupe contrôle, particulièrement pour les petites récompenses. Fait intéressant, lors d'une seconde session, certains patients ont vu leur activité cérébrale dépasser celle des participants en bonne santé, suggérant une saturation du système de récompense.
Ces découvertes pointent vers un dysfonctionnement de la régulation neuronale chez les personnes atteintes de schizophrénie, manifesté soit par une sous-activation, soit par une saturation. Ce dérèglement pourrait expliquer l'incapacité des patients à ressentir du plaisir dans les petites joies quotidiennes, alimentant ainsi l'apathie.
Ces insights ouvrent la porte à des traitements innovants, tels que la stimulation cérébrale non invasive ou des psychothérapies ciblant la perception du plaisir, bien que ces méthodes nécessitent encore des validations cliniques avant de pouvoir être largement utilisées.
Sources : UNIGE, HUG, Brain Journal.
SANTE -Schizophrénie et apathie : une connexion dévoilée par les neurosciences