Une étude menée par des chercheurs suisses montre que les femmes ayant souffert de diabète gestationnel continuent de présenter des perturbations dans la régulation de leur glycémie après l’accouchement. Ces résultats, obtenus grâce à des dispositifs de surveillance portables, appellent à un suivi médical prolongé pour éviter des complications métaboliques futures.
Le diabète gestationnel, qui touche environ 14 % des femmes enceintes dans le monde et 10 % en Suisse, n'est pas sans conséquences. Contrairement aux idées reçues, cette affection qui se caractérise par une élévation de la glycémie pendant la grossesse, ne disparaît pas toujours après l'accouchement. Des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE), en collaboration avec le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), l’Université de Lausanne (UNIL) et l’EPFL, révèlent que des perturbations dans la régulation de la glycémie persistent, malgré des résultats cliniques souvent normaux.
Grâce à des dispositifs portables permettant de suivre en continu la glycémie, le sommeil, l'activité physique et la fréquence cardiaque, les scientifiques ont pu analyser en détail la dynamique métabolique de femmes ayant ou non souffert de diabète gestationnel. Les données publiées dans la revue Diabetologia, montrent que les femmes ayant développé cette condition durant leur grossesse voient leur glycémie se stabiliser plus lentement après les repas, même avec une consommation réduite de glucides. Leurs rythmes circadiens, responsables de la régulation des cycles biologiques, sont également perturbés, ce qui pourrait favoriser le développement de maladies métaboliques telles que le diabète de type 2.
« Nos résultats suggèrent qu'une surveillance prolongée et personnalisée est nécessaire pour ces femmes, même après la naissance de leur enfant », explique Tinh-Hai Collet, professeur assistant au Département de médecine de l’UNIGE. Les chercheurs ont observé que les méthodes de surveillance classiques, bien qu'efficaces, ne détectent pas toujours ces anomalies. En intégrant des technologies de pointe pour suivre la glycémie après les repas, l'équipe a mis en lumière des marqueurs de risque potentiels, ouvrant la voie à des stratégies de prévention plus ciblées.
L’étude inclut un suivi de deux semaines à un mois et demi après l'accouchement, puis une évaluation six mois plus tard, impliquant 37 femmes, dont 22 ayant eu un diabète gestationnel. Pour Tinh-Hai Collet et Jardena Puder, professeure associée à l’UNIL, il est crucial de mettre en place des mesures préventives adaptées afin de limiter l’apparition de maladies cardio-métaboliques à long terme.
Cette recherche pourrait transformer la prise en charge post-partum pour des milliers de femmes dans le monde. Alors que les dispositifs de surveillance portables deviennent de plus en plus accessibles, ces travaux offrent un espoir d'améliorer les soins et de prévenir le diabète de type 2 chez les anciennes patientes du diabète gestationnel.
Fousseni SAIBOU
SANTE/RECHERCHE - Un suivi post-accouchement révélé crucial pour les femmes touchées par le diabète gestationnel