Ce 6 décembre 2024, un décret signé par le Capitaine Ibrahim Traoré, Président de la Transition au Burkina Faso, a mis fin aux fonctions du Premier ministre Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla et a dissous le gouvernement. Cette annonce a été faite lors du journal télévisé de la RTB. Aucun motif officiel n’a été avancé pour cette décision, alimentant les spéculations au sein de l’opinion nationale.
Le décret stipule que la fin des fonctions du Premier ministre est prononcée. Il prévoit également la dissolution immédiate du gouvernement. Les membres du gouvernement dissout continueront à gérer les affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement. Enfin, le décret sera publié au Journal officiel du Faso.
Ibrahim Traoré est arrivé au pouvoir en septembre 2022 à la suite d’un coup d’État. Il avait alors orienté ses priorités vers la lutte contre l’insécurité et la restauration de la souveraineté nationale. Pour l’accompagner dans cette mission, il avait nommé Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla au poste de Premier ministre le 21 octobre 2022. Avocat de formation et polémiste reconnu, Kyélem avait été choisi pour ses prises de position tranchées et son franc-parler, malgré son absence d’expérience politique formelle. Sa nomination avait surpris de nombreux observateurs, car il avait auparavant émis des doutes sur la nécessité même d’un poste de Premier ministre. Toutefois, le président Traoré avait misé sur lui pour tirer parti de sa popularité et de son engagement en faveur des idéaux sankaristes.
Kyelem a dirigé trois gouvernements successifs et a dû faire face à des défis majeurs, notamment dans la lutte contre l’insécurité croissante dans le pays. Bien qu’il ait déployé des efforts pour instaurer une gouvernance efficace, il a également été critiqué, en particulier pour ses déclarations sur l’efficacité des pratiques traditionnelles face aux menaces terroristes. Ces controverses ont alimenté une perception mitigée de son mandat, qui s’est achevé par son limogeage ce 6 décembre 2024.
Cette destitution s’est faite sans explication officielle des motifs, ouvrant la voie à diverses interprétations au sein de l’opinion publique burkinabè. Certains jugent indispensable de nommer un nouveau Premier ministre capable de dialoguer avec les différents acteurs internes et externes, estimant qu’un leader militaire ou un professionnel du secteur privé pourrait mieux convenir. D’autres critiquent le manque de diplomatie du Premier ministre sortant, considérant que son approche n’était pas adaptée aux défis actuels, et espèrent une meilleure gestion avec le prochain gouvernement. À l’inverse, certains défendent Kyelem, le qualifiant de bon Premier ministre qui, malgré les critiques, a toujours privilégié la vérité.
Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla sera-t-il reconduit ou remplacé ? Les Burkinabè se posent la question et suivent de près l’évolution de la situation.
La Rédaction
BURKINA FASO/POLITIQUE - Fin de mandat pour le Premier ministre Kyelem et dissolution du gouvernement : réactions des Burkinabè